Par François Cormier-Bouligeon, député du Cher.
Nous avons rencontré Ilia Iachine à l’Assemblée nationale. Opposant à Vladimir Poutine, il vient de sortir de 25 mois de prison dans des conditions semblables à celles exposées par Alexandre Soljenitsyne dans « L’Archipel du goulag » en 1973.
J’ai félicité Ilia Iachine pour son immense courage et lui ai réaffirmé l’amitié de la France pour la Russie, des Français pour les Russes, que nous ne confondons pas avec leur Dictateur Poutine.
Je lui ai dit combien nous n’avons aucun doute sur la guerre d’ingérence que mène M Poutine contre les démocraties occidentales, dont la France, à travers la lutte d’influence, les fake news ou la corruption.
Je lui ai dit combien nous n’avions aucun doute sur le fait que rien n’arrêtera M Poutine dans sa guerre impérialiste si nous n’aidons pas solidement l’Ukraine à repousser l’armée de M Poutine au-delà de ses frontières.
J’ai interrogé Ilia Iachine sur le poids de l’effort de guerre sur l’économie russe, sur le peuple russe, sur la capacité de celui-ci à s’informer en dehors de la propagande officielle, sur les conséquences politiques de la chute de M Poutine s’il échoue en Ukraine.
M Poutine finance sa guerre en Ukraine grâce aux réserves accumulées entre 2014 et 2022. Ces réserves ne sont pas inépuisables. Le peuple russe, dont les canaux d’information indépendants sont de plus en plus restreints par le pouvoir poutinien, n’est pas dupe. Les Russes ne considèrent pas l’invasion en Ukraine comme une guerre pour la défense de la patrie russe. Poutine refuse à ses généraux une énième mobilisation des conscrits et doit engager de nouveaux soldats au prix de contrats onéreux (30.000 euros). 71.000 morts parmi les soldats russes ont été recensés par des médias indépendants sur la base de témoignages, ce qui signifie qu’il y en a surement deux à trois fois plus.
Combien de temps Poutine peut-il tenir ainsi ? Cela dépendra largement du niveau et de la rapidité du soutien que nous pourrons continuer à apporter à l’Ukraine pour défendre sa liberté.
Ce qui se joue, c’est à la fois la sécurité et la paix sur le continent européen. C’est aussi la reconstruction d’un ordre international basé sur le droit et non sur la force.
Les oppositions démocratiques à Poutine existent. L’aspiration du peuple russe à vivre libre et en démocratie existe. Rien ne peut être pire que le pouvoir poutinien qui fait la guerre et emprisonne ses opposants. A sa chute, les opposants auront un espace politique pour construire une voie politique démocratique.
Un espoir existe donc. Il se construira sur des efforts partagés auxquels nos démocraties doivent prendre leur part.