Par le député du Cher, François Cormier-Bouligeon.
Nous ne pouvions quitter la Pologne sans une dernière étape. Je vous explique pourquoi en quelques lignes tracées depuis le véhicule qui nous conduit à Berlin d’où nous rentrons à Paris après une journée intense…
Ce jeudi matin, lever tôt après une nuit courte. Dès 7h00, départ de Varsovie et cap vers l’Ouest pour cinq heures de route à travers la Pologne.
Objectif : un camp militaire polonais non loin de la frontière allemande où l’armée française forme des soldats ukrainiens.
Nous y arrivons en fin de matinée et sommes accueillis par les officiers supérieurs français le Colonel Cyril MATHIAS (EUMAM FRA) et le LCL Franck BOUTHEMY commandant le groupement tactique GERFAUT.
Après un bref briefing, nous partageons sous une tente une collation avec les officiers et sous-officiers de la mission afin de prendre la température à bâton rompu. C’est dans ces moments-là que nous pouvons saisir les détails les plus signifiants de ce genre d’opérations.
Une présentation plus détaillée de la mission nous est ensuite offerte par les officiers supérieurs pour rappeler le contexte international et le soutien essentiel de l’Union européenne car il s’agit bien d’une mission européenne : EUMAM = EU Military Assistance Mission in support of Ukraine. Gerfault en est à sa cinquième mission. Près de trois cents soldats français sont mobilisés en permanence, 200 pour les actions de formation et 80 pour les fonctions de soutien. Près de 5.000 militaires ukrainiens ont été formés depuis 18 mois.
Plusieurs nations participent à EUMAM. La France y prend une large part, par le volume de soldats ukrainiens formés et par la qualité des formations dispensées, appréciées de tous.
Les relations avec l’armée polonaise sont d’ailleurs excellentes comme le l’ont confirmé tant les officiers français que les officiers polonais.
Les formations françaises sont très fortement appréciées par les Ukrainiens. Il s’agit plus de formations entre pairs que d’une relation entre instructeurs et stagiaires. Si la plupart des militaires ukrainiens viennent du monde civil, ils ont tous déjà combattu au moins plusieurs mois. Le retour d’expérience des Ukrainiens est donc enrichissant aussi pour les militaires français. Valorisante aussi : des sections ukrainiennes entières ont été sauvées au feu grâce aux formations reçues via nos soldats.
Deux moments forts ont marqué cette journée.
D’abord l’observation in situ d’un exercice d’entraînement. L’objectif était la prise d’une tranchée reconstituée sur les recommandations de l’armée ukrainienne dans une clairière au milieu d’une forêt de Pologne (très ressemblante à notre Sologne au passage). Nous avons pu assister au travail au poste de commandement et d’observation alimenté par les images fournies par les drones. Nous avons également pu voir de très près le travail de soutien des unités positionnées pour opérer les tirs d’appui. Les tympans ont été mis à rude épreuve… Puis nous avons vu, aux côtés des instructeurs, la progression dans la tranchée.
Deuxième temps fort, et le plus prenant : un échange direct (merci aux interprètes) avec une trentaine de militaires ukrainiens. Nous leur avons apporté le salut fraternel de l’Assemblée nationale française et les avons assuré du soutien de la France jusqu’à la libération de l’Ukraine !
Notre échange s’est conclu par un sonore « Slava Oukraïni » (« gloire à l’Ukraine ») lancé par moi et repris par les soldats suivis de vigoureuses poignées de mains.
Dans le bazar ambiant à Paris, certains oublient trop souvent que la guerre est revenue en Europe à 2000 km de la France et que notre rôle de députés est de tout faire pour le bien de nos peuples. Je ne l’oublie jamais.
Ce récit ne rentre pas dans le détail et aucun visage de militaire ne sera visible sur les photos publiées pour des raisons évidentes de sécurité pour la mission et surtout pour les militaires ukrainiens.
